Santé

L’origine de toutes les souches du sida élucidée

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Une étude internationale, conduite par des chercheurs de l’IRD en collaboration avec de nombreux partenaires confirme que les variants O et P du HIV-1, virus responsable du sida, sont originaires de gorilles du sud-ouest du Cameroun. Ainsi, l’origine de toutes les souches du VIH-1 circulant chez l’Homme est enfin élucidée. Ces résultats ont été publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) le 2 mars 2015.

Le sida est l’une des maladies les plus dévastatrices de l’histoire de l’humanité. Depuis qu’il a été transmis à l’homme par des grands singes1, le pathogène responsable, le virus de l’immunodéficience humaine (HIV-1), a infecté 75 millions de personnes. Il existe quatre variantes génétiques du HIV-1 : M (forme la plus répandue dans le monde, responsable de plus de 99 % des infections), N, O et P, limités essentiellement au Cameroun et aux pays voisins. Alors que l’origine simienne (chimpanzés du Cameroun) des groupes M et N a été identifiée il y a plusieurs années, le réservoir des groupes O et P restait inconnu jusqu’à présent.

A partir d’analyses génétiques issues de déjections de grands singes (chimpanzés, gorilles) du Cameroun, du Gabon, de la République Démocratique du Congo et d’Ouganda, les chercheurs ont montré que les variantes génétiques O et P du HIV-1 étaient originaires d’une transmission inter-espèce à partir de gorilles des plaines du sud-ouest du Cameroun.

Alors que le groupe P n’a été détecté que chez deux individus jusqu’à présent, le groupe O a pu se répandre chez l’Homme dans plusieurs pays en Afrique centrale et occidentale. On estime qu’il a infecté près de 100 000 personnes.

Cette étude montre que comme les virus SIV infectant des chimpanzés, ceux des gorilles sont aussi capables de traverser la barrière des espèces et peuvent provoquer des épidémies. Elle permet de mieux comprendre l’origine de cette maladie émergente, et de mieux évaluer les risques futurs pour la population humaine.

L’étude a bénéficié du soutien de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites (ANRS).