Santé

Comment le virus zika infecte les cellules humaines

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Comme ses cousins les virus de la dengue et le chikungunya, zika est un virus émergent. Depuis l’épidémie de 2007 en Micronésie qui l’a révélé, il a sévi en Polynésie fin 2013, avec 55 000 personnes touchées, et atteint aujourd’hui le Brésil. Des chercheurs de l’IRD, de l’Inserm, de l’Institut Pasteur et leurs partenaires thaïlandais ont décrit pour la première fois comment il infecte l’homme suite à une piqûre de moustique, puis se propage chez le malade. Leurs découvertes ouvrent la voie à la mise au point d’un traitement.

Un virus émergent

Nouveau venu dans la famille des arbovirus, zika commence à faire parler de lui. Après la Micronésie dans le Pacifique en 2007, puis la Polynésie fin 2013, il touche aujourd’hui le Brésil, laissant craindre son passage à plus ou moins brève échéance aux Antilles françaises. Une équipe de recherche de l’IRD, de l’Inserm, de l’Institut Pasteur et leurs partenaires thaïlandais vient pour la première fois de décrire la biologie du virus : comment il infecte l’hôte, s’y réplique et s’y dissémine.

Une piqûre de moustique simulée

Zika est transmis par les moustiques Aedes aegypti et A. albopictus . Lorsque l’insecte pique un humain, sa pièce buccale tâtonne à la recherche d’un vaisseau sanguin. Ce faisant, elle dépose des particules virales dans l’épiderme et le derme de la victime. Pour simuler en laboratoire l’infection, les chercheurs ont inoculé un isolat du virus zika, collecté lors de l’épidémie 2013 en Polynésie française, à trois types de cellules de peau humaine : les kératinocytes, qui se trouvent dans l’épiderme, et les fibroblastes et les cellules dendritiques, situées dans le derme. Ces dernières sont des cellules immunitaires qui jouent un rôle clé dans la fabrication des anticorps adéquats.

Le virus détruit les cellules du derme pour se propager

Résultat : en 72h, 100 % des fibroblastes sont infectés ! Les autres cellules sont également touchées, en particulier les kératinocytes. Grâce à l’imagerie électronique, les chercheurs ont démontré que le virus utilise l’autophagie pour se répliquer, un mécanisme qui consiste en la dégradation partielle du cytoplasme par la cellule elle-même. Ce phénomène entraîne à terme l’apoptose cellulaire, c’est-à-dire la mort par éclatement, et favorise ainsi la dissémination de l’agent pathogène. Ces réactions se traduisent par la formation d’un œdème dans la coupe de peau, ce qui correspond bien à l’un des symptômes observé chez les patients atteints de fièvre zika. 

Comment stopper l’infection ?

Ayant confirmé que le virus cible bien les cellules cutanées, l’équipe a identifié le récepteur cellulaire qui permet l’entrée du virus dans les fibroblastes. Il s’agit d’une protéine du nom d’« AXL ». Les scientifiques ont alors vérifié l’efficacité des anticorps contre cette protéine, ainsi que de petits ARN silencing – c’est-à-dire qui « éteignent » les gènes cibles. Ceux-ci permettent bien l’extinction de ce récepteur, bloquant ainsi l’infection de la cellule et faisant largement baisser le taux de cellules infectées.

L’ensemble de ces travaux constitue une première sur la biologie du virus zika. Ils ouvrent des pistes pour l’identification de cibles thérapeutiques pour l’élaboration d’un traitement, qui repose aujourd’hui uniquement sur la prise en charge des symptômes.