Risques et aléas

Un nouveau type de séisme découvert au large du Pérou

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Des chercheurs de l’Institut de Géophysique du Pérou, de l’IRD et de l’université de Nice Sophia Antipolis, ont découvert un nouveau type de séismes lents au large du Pérou et proposent, dans la revue Nature Geosciences, un modèle de relaxation des contraintes tectoniques permettant une meilleure estimation de l’aléa sismique.

Il est bien connu que les contraintes induites dans les zones de subduction provoquent des séismes qui peuvent être parfois intenses comme le séisme du Chili de 2010.
Jusqu’à ces dernières années, les chercheurs considéraient que les failles actives étaient soumises à des cycles sismiques comportant une période d’accumulation des contraintes, suivie du séisme correspondant au relâchement des contraintes, avant que la mise en charge de la faille et le cycle ne recommence sous l’effet du déplacement des plaques. Les méthodes satellitaires pour la mesure des déformations de l’écorce terrestre ont permis de mettre en évidence il y a une quinzaine d’années un autre mode de relaxation des plaques sans qu’aucun séisme important ne se produise : les glissements asismiques transitoires. Jusqu’à maintenant, deux types de glissements asismiques avaient été décrits : les glissements lents pendant la phase inter-sismique et les glissements post-sismiques suivant les grands séismes.

L’équipe de géophysiciens spécialisés dans l’étude de la cordillère des Andes a mis en évidence un autre mécanisme dans le nord du Pérou. Dans cette zone, la subduction de la plaque océanique Nazca sous le continent sud-américain à environ 6 cm/​an a lieu de manière principalement asismique. Le phénomène observé par les chercheurs consiste en une séquence simultanée de séismes de magnitude modérée (5.8 – 6.0) et de glissements lents. Le glissement s’initie et se développe immédiatement après deux séismes de taille modérée de magnitude 6.0 et 5.8 respectivement. Ce phénomène diffère aussi des processus asismiques transitoires connus car la taille du glissement n’est pas reliée à la taille du séisme qui le déclenche. En particulier, le séisme de magnitude 5.8 déclenche un glissement très important de magnitude équivalente à 6.6. C’est ainsi la première fois que l’on observe un processus mixte sismique et asismique où les deux modes de glissements semblent interagir au cours de la séquence.

Ce mécanisme a pu être mis en évidence grâce à des mesures géodésiques et une analyse sismologique originales. Il illustre un nouveau mode de relaxation des contraintes dans les zones de subduction.

Une meilleure connaissance des propriétés de friction le long des grandes failles actives et des processus par lesquels celles-ci relâchent les contraintes accumulées est nécessaire à la mise au point de modèles prédictifs. Ces modèles permettront une meilleure gestion des risques sismiques.