Risques et aléas

Mieux prévoir les pluies grâce à la téléphonie

Partager

Rain Cell, pour Rain Measurement from Cellular phone networks désigne un concept innovant et “vert” au service d’enjeux climatiques et sociétaux : Mesurer la pluie et anticiper les risques liés à l’excès (inondation) ou au déficit (sécheresse) de précipitation, en s’appuyant sur les réseaux de téléphonie mobile.

La méthode exploite une idée simple : la pluie atténue les signaux qui se propagent à travers le réseau, entre les antennes-relai. La mesure de ces fluctuations permet de déduire les précipitations tombées en tout point du réseau et ce potentiellement en temps réel. L’avantage est de bénéficier d’une infrastructure de qualité, installée et bien maintenue par les opérateurs de téléphonie.

Ce principe étudié depuis les années 2000 par des équipes de recherche hollandaises, israéliennes, françaises et allemandes, n ‘avait jamais été expérimenté en zone tropicale. Pourtant c’est bien dans les pays du Sud que l’intérêt de cette méthode est le plus fort, dans la mesure où les réseaux de mesure au sol y sont insuffisants et les risques hydro-climatiques en augmentation constante, notamment dans les grandes métropoles à forte croissance.

La collaboration avec l’opérateur Telecel Faso a permis de mettre en place un site pilote et de valider pour la première fois en Afrique l’estimation quantitative des précipitations, grâce aux liens micro-onde des réseaux de téléphonie mobile.
Les résultats de validation du concept Rain Cell à Ouagadougou, par comparaisons aux pluviographes et au radar Xport démontrent que la détection (95% de réussite) et la quantification (biais global inférieur à 10%) de la pluie grâce aux liens micro-ondes opérationnels sont excellentes. Les données fournies par Telecel Faso permettent de mesurer la pluie à des pas de temps aussi fins que 5 minutes. A cette échelle très fine, la cohérence avec le radar est très bonne.

Fort de ce succès, le projet a donné lieu à un colloque international du 30 mars au 2 avril 2015, qui a rassemblé près de 90 participants de 18 pays, dont de nombreux partenaires de l’IRD en Afrique de l’Ouest et plusieurs organisations internationales. 

Un essai à transformer

Appliquée à l’ensemble d’un réseau de téléphonie, la méthode permettrait d’obtenir en temps quasi-réel des cartes de pluie haute résolution à l’échelle d’une ville, voire d’un pays ou d ‘un bassin versant.
Les applications potentielles sont nombreuses :

L’Afrique offre un potentiel énorme pour développer la méthode à l’échelle régionale et opérationnaliser le concept. Mais d’autres régions du monde pourraient bénéficier de ces développements et des partenaires potentiels se sont déjà manifestés en Asie et en Amérique du Sud.

Pour développer les applications Rain Cell et tirer le meilleur parti de ce concept, des partenariats doivent être noués entre les opérateurs de téléphonie, les équipes de R&D et les utilisateurs. C’est une des tâches que les équipes IRD et leurs partenaires ont à cœur d’accomplir dans le futur.