Une maladie plus funeste qu’il n’y paraît

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La loase, maladie parasitaire d’Afrique centrale, n’est pas aussi bénigne que l’on croyait. Les personnes fortement infectées auraient une espérance de vie réduite. C’est ce que suggère une nouvelle étude de l’IRD et de ses partenaires, menée au Cameroun avec le soutien de la Drugs for Neglected Diseases initiative (DNDi) auprès de plus de 3 000 personnes. Le suivi, sur 15 ans, de ces dernières montre en effet que le taux de mortalité est plus élevé chez les individus infectés que parmi le reste de la population et qu’il augmente avec la concentration de parasites dans le sang.

Selon les auteurs de ces travaux, publiés dans The Lancet Infectious Diseases, la maladie devrait désormais figurer dans la liste des « maladies tropicales négligées » de l’OMS, afin d’ouvrir la voie à des programmes de lutte.

Une maladie méconnue

Considérée comme une maladie bénigne, la loase – du nom du petit ver filaire responsable, Loa loa – n’a fait l’objet que de peu d’attention jusque-là. Cette infection endémique des forêts d’Afrique centrale était surtout redoutée et étudiée à cause des réactions neurologiques sévères qu’elle provoque parfois lors du traitement d’une autre maladie filarienne plus répandue : l’onchocercose (ou « cécité des rivières »). Une nouvelle étude de l’IRD et de ses partenaires menée au Cameroun dévoile qu’un taux d’infection à Loa loa élevé aurait par lui-même de graves répercussions. Ces travaux, publiés dans The Lancet Infectious Diseases, montrent en effet que la loase est associée à une surmortalité. Cette analyse rétrospective, basée sur le suivi sur 15 ans d’une population, a été conduite avec le soutien de la Drugs for Neglected Diseases initiative (DNDi).

Plus d’un décès sur 10 dû à Loa loa

L’équipe de recherche a tout d’abord mesuré le taux d’infection dans une trentaine de villages camerounais en 2001, puis a réalisé une seconde enquête en 2016 afin de dénombrer les décès enregistrés dans l’intervalle. A l’échelle de la population, l'étude révèle une relation directement proportionnelle entre le taux de mortalité et la prévalence de la loase. Plus d'un décès sur dix serait ainsi associé à l’infection.

A l’échelle individuelle, la mortalité est plus élevée chez les personnes infectées : 25,5 % contre 19 % dans le reste de la population. Elle augmente également avec la concentration de larves de parasite dans le sang. En revanche, la surmortalité n’est pas liée à l’apparition antérieure d’un œdème de Calabar ou du ver sous la conjonctive de l’œil, autrement dit aux manifestations causées par les parasites adultes.

Vers une reconnaissance comme maladie tropicale négligée ?

La loase, qui ne fait à ce jour l’objet d’aucun programme de lutte, ne serait donc pas aussi bénigne que ce que l’on croyait jusque-là. Un taux d’infection à Loa loa élevé aurait en réalité des conséquences sur l’espérance de vie. Ce résultat devrait avoir des répercussions majeures sur la perception de la maladie de la part de la communauté internationale et devrait conduire à sa prise en compte par l’OMS en tant que maladie tropicale négligée.

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